Flashback number one

« Ah tu vois , ça se conduit pas comme une R5 ! »

Effectivement, on a fait un tête à queue dans un virage et j’ai eu chaud ! Mais, Papa avait raison, il fallait bien que je la conduise cette 4 cv, accompagné, avant de prendre la route tout seul.

On est en 1976. Etudiant, je n’ai pas un rond et pas les moyens de me payer une voiture. Bernard, mon frère aîné, m’a promis de me vendre sa 4 cv dès que j’aurai mon permis de conduire. Alors, j’économise en essayant de remplir de pièces jaunes une grande bouteille qui trône sur le buffet de la salle à manger.

Quinze kilos de pièces jaunes plus tard (et bon nombre de porte-monnaie vidés), la sympathique voiture est à moi.

Mais, cela n’a pas été facile.

En effet, on nous l’a volée, cette voiture ! Bernard avait prêté sa 4 cv à Jean-Pierre et Annette, sans doute en difficultés automobiles à l’époque, et des petits malins sont venus la piquer sous leur fenêtre ! Bon, Jean-Pierre a bien essayé de les poursuivre, « à oilpé » et le sabre au clair (au sens propre du terme) mais rien n’y a fait, les voleurs se sont évanouis dans la nuit.

A l’époque, je travaille le week-end avec Bernard comme plongeur à l’Ecu de Bretagne. Le matin de très bonne heure, après le boulot, on déambule un peu dans les rues d’Angers, on ne sait jamais ? si on la retrouvait ?

Le temps passe et je commence à dire adieu au véhicule tant convoité. Mais, un matin, sur le chemin de retour vers ma cité U, je crie à Bernard : Arrête-toi, je l’ai vue ! Goguenard, Bernard enclenche la marche arrière et tous les deux, on reste là comme des c… ! La 4 cv est là, stationnée sur un trottoir de l’avenue Notre Dame du Lac à Belle-Beille. Réservoir vide, quelques traces de pas sur la banquette arrière (?) mais pas de bobos. Bernard ferme les portières à clé et la récupère le lendemain.

Le 31 mars 1977, j’obtiens mon permis de conduire (du premier coup) et quelques jours après, je m’approprie la 4 cv lors d’un trajet Marigné-Angers, de nuit et sous la pluie, dont je me souviens encore.

Anecdote cocasse, lorsque je suis allé faire établir la carte grise de la 4 cv à mon nom, l’employé de la Préfecture m’a interpellé, sans rire, en me disant : « Impossible, c’est un véhicule volé ». Bernard avait déclaré le vol de la voiture mais n’avait pas  pensé à préciser qu’elle avait été retrouvée !